A Davos l’an prochain, les « Public Eye Awards » distribueront pour la dernière fois leurs « Oscars de la honte ». La manifestation organisée pour contester le Forum économique mondial sur ses propres terres change de stratégie. ONG marraines, la Déclaration de Berne et Greenpeace mèneront autrement leurs campagnes.
Qui aura l’honneur, en janvier 2015, de mériter la «distinction» suprême, celle qui couronnera une décennie de mises à l’index? Les candidats se bousculent au portillon, ils ont pour nom Dow Chemical, Goldman Sachs, Glencore, Walmart. Mais aussi Chevron et Gazprom… Si ces deux entités pétrolières sont pointées du doigt, c’est en raison des catastrophes écologiques dont elles portent la responsabilité en Equateur et dans l’Arctique. Non seulement elles n’ont pas manifesté de repentir manifeste, mais elles poursuivent impunément leurs déprédations du milieu naturel. Dans la forêt équatoriale, des populations sont proches de l’extinction. Fait inédit, une plainte pour crimes contre l’humanité a été déposée contre Chevron à la Cour pénale internationale en octobre dernier.
Taris, les «Oscars de la honte» ne seront jamais décernés à une compagnie exploitant le polluant pétrole de schiste sur lequel comptent les Etats-Unis pour prendre la tête de la production mondiale. Ironie du sort, c’est le marché, cet ennemi de classe pour les ONG tiers-mondistes, qui pourrait prendre le relais de l’opprobre public. A la réunion de l’OPEP, la semaine dernière, l’Arabie saoudite a refusé de plafonner la production, contribuant à la baisse des prix de l’or noir. Elle entrave ainsi la rentabilité du coûteux pétrole de schiste. La stratégie énergétique des Etats-Unis sabotée par son meilleur allié militaire au Moyen-Orient, qui eût cru à un tel scénario au début de l’année?