A Lausanne, sur le toit du siège régional du producteur d’énergie nucléaire Alpiq, des Securitas armés montent la garde et dissuadent le piéton de laisser son chien se soulager devant les grilles de la propriété. L’envoi de colis piégés à des employés du groupe explique une certaine nervosité mais n’autorise pas les sociétés du nucléaire à s’isoler dans une splendide tour d’ivoire, au mépris de la clameur qui monte de toutes parts.
Sur les routes d’Alsace, des milliers de personnes ont demandé, ce dimanche 10 avril 2011, l’arrêt immédiat de la centrale de Fessenheim, la plus vétuste de France. Leur action, qui suit celle des manifestants opposés à Mühleberg sur la place fédérale à Berne, ne suffira pas à provoquer le démantèlement des centrales nucléaires mais elle est un pas dans la bonne direction. La pression des populations est nécessaire pour forcer les pouvoirs publics à intervenir et mater le lobby nucléaire qui jouit d’une impunité effarante.
A-t-on seulement sévi contre les responsables de l’opérateur qui gère les centrales au Japon? Interrogée récemment à la radio romande, l’ancienne procureure Carla del Ponte invitait à traduire en justice les dictateurs arabes confrontés à la contestation populaire. Mais ces tyrans font pâle figure à côté des apprentis sorciers dénués de remords qui mettent en péril la chaîne alimentaire, l’air et l’eau, autant de patrimoines essentiels à la survie de l’ensemble des habitants de la planète. Ces criminels méritent d’être jugés à la Haye.