Cette élégante bâtisse donnant sur un parc au cœur de la ville de Berne symbolise aujourd’hui un événement qui met en émoi tout le landerneau politique. L’élection, le 9 décembre prochain, du successeur de Mme Widmer-Schlumpf occupe quotidiennement la Une des médias, ce qui est exceptionnel dans un pays dont la vedettisation des gouvernants n’a jamais été la vocation première.
Les conseillers en communication de l’Union démocratique du centre ont tellement bien orchestré la campagne que l’on voit mal le siège de la ministre qui donna l’estocade au secret bancaire échapper à l’un des trois candidats officiels du parti majoritaire au Parlement. La question étant seulement de savoir si une rocade au Conseil fédéral ne bousillera pas le rêve majeur de la droite dure: s’emparer du Bernerhof. Car celui qui en détiendra les clés régnera sur deux dossiers très chauds: les relations avec Bruxelles et la fiscalité. Autant dire qu’il contrôlera le pays.
Dans un décorum trop parfait, les gentils postulants affûtent leurs armes. Norman Gobi sera-t-il le premier éliminé? Dans une lettre envoyée aux membres de l’Assemblée fédérale, l’ancien procureur Paolo Bernasconi met en garde contre le risque d’élire un personnage «connu dans les Chancelleries pour son mépris compulsif à l’égard des pays étrangers». Quant au Vaudois Parmelin et au jeune Zougois Thomas Aeschi, ils ont toujours les faveurs de l’applaudimètre médiatique, même si le CV du dernier est aussi léger qu’une plume de chapeau tyrolien. S’il passe, le poulain de Blocher sera l’homme de douloureux réajustements budgétaires.