La semaine dernière, on apprenait sans tambours ni trompettes que le groupe Assura avait bouclé l’année 2015 dans les chiffres rouges, à hauteur de 258 millions de francs! Il y a deux ans, il pavoisait encore parmi les assureurs les plus cotés du pays.
Les revers d’Assura ne sont pas isolés: le pôle santé du groupe valaisan Mutuel a aussi affiché une perte importante alors qu’il enregistrait encore un bénéfice confortable l’année précédente. Mais ils inquiètent surtout en raison de l’obscurité relative qui les entoure.
A quoi les attribuer? Assura, qui se targue de pratiquer les tarifs les plus bas de Suisse, explique que l’afflux d’assurés au cours des dernières années a eu pour corollaire pervers une hausse massive des remboursements. Assura serait donc victime en quelque sorte de son succès.
Une autre clé est révélée l’air de rien dans la brochure que le groupe distribue à ses assurés. Le directeur général y assure, c’est le cas de le dire, qu’Assura «lutte activement contre l’augmentation des coûts, toutefois ces efforts sont freinés par le mécanisme actuel de la compensation des risques». Késako? Une sorte de péréquation de l’assurance prévue par Berne il y a plus de vingt ans pour répartir les risques de la branche sur l’ensemble du territoire helvétique! Assura fait partie des vaches à lait.
On peut supposer qu’au parlement des lobbyistes s’activent pour changer le système. Evoquant ses pertes, Assura parle d’une situation exceptionnelle mais le groupe ne donne pas la recette pour inverser la tendance, si ce n’est qu’il annonce avec grande originalité une hausse des primes. Son demi-million d’assurés aimerait aussi savoir ce qui a motivé la valse de dirigeants très bien payés au cours des dernières années.