La nouvelle guerre froide lui rend un service éminent puisque, dit-on, la Chine paie désormais ses importations de pétrole russe aussi en yuan. Signe supplémentaire de cet état de grâce, la Banque cantonale de Genève offre à sa clientèle la possibilité d’ouvrir des comptes en yuan. Encore unique en Suisse, cette proposition entend permettre aux investisseurs, «confrontés aux taux négatifs suisses et à la volatilité de l’euro, de se diversifier et d’accompagner la probable émergence planétaire de la devise chinoise», explique l’établissement genevois.
La BNS en prendra-t-elle de la graine, elle qui a augmenté de manière importante ses réserves en dollars au cours des derniers mois? La pièce qui se joue actuellement sur le grand échiquier monétaire ne peut être dissociée des stratégies militaires et de l’intense compétition qui oppose les Etats-Unis à la Chine, plaçant l’Union européenne en situation d’observateur partisan. En octroyant son soutien au traité transatlantique, la semaine dernière, le parlement européen a donné un signe qui ne trompe pas.
D’ici l’an prochain, il faudra s’attendre à un nouveau rééquilibrage des relations internationales. Face à cet axe Washington-Bruxelles renforcé, la Suisse n’a pas beaucoup de marge de manœuvre.
Ainsi vont les monnaies, au gré des humeurs des peuples et des événements qui échappent parfois à ces derniers. Quand, le 18 septembre prochain, sera lancé le léman, une monnaie destinée à redonner du tonus au tissu local, la population du grand Genève aura l’occasion de taquiner très directement cette constante historique.