2018 avait pourtant bien commencé. En janvier, en effet, Daniel Brélaz a cessé de porter son horrible cravate « chat ». L’ex-syndic de Lausanne en a fait don au Musée historique.
Las, les choses se sont vite gâtées. L’homme par qui le scandale arrive se nomme Pascal Broulis. Le grand argentier s’est fait pincer comme un puceau dans une banale affaire fiscale. Dans l’attente des conclusions des experts mandatés pour faire toute lumière, le Conseil d’Etat retient son souffle. Mais déjà on constate les dégâts au niveau de la cohésion gouvernementale. Le fameux compromis gauche-droite garanti par le pacte sacré conclu entre les ministres Maillard et Broulis vole en éclats.
Autre modèle vaudois de solidité candide et de vertu qui s’effrite, Vevey. Sa municipalité s’étripe. Les bisbilles entre élus ont déjà eu une conséquence néfaste sur le Musée Jenisch, phare de la culture de la Riviera. Agacé par le surplace que subit un projet immobilier qui lui tient à coeur, le sponsor Nestlé lui a retiré son soutien.
La zizanie plane aussi sur les cimes du canton où grincent soudain les éoliennes. Nonobstant la consultation organisée il y a quelques années, laquelle avait dégagé une petite majorité favorable à cette alternative au nucléaire, une fronde contre les pales se lève à Ste-Croix.
L’inconstance de la nature humaine se manifeste également sur le terrain du budget cantonal. Après avoir plébiscité la RIE III, ridicule acronyme désignant un projet de défiscalisation des entreprises, le peuple se met à gronder. Pourquoi ne s’est-il pas méfié plus tôt? On peut se le demander car les voyants étaient déjà au rouge au moment de la votation. La moins-value dans les budgets communaux se chiffrera en millions. Normal, ce que tu me donnes, tu le prends ailleurs.
La loi des vases communicants. La même qui affecte le héros malheureux du début de cette chronique. Relégué, le Lausanne-Sports retrouvera en « Challenge League » son vieux rival, le FC Servette. Le football lémanique vibrera au rythme des pulsations des supporters du hockey régional, la folie en moins, les quolibets d’Alémanie en plus. Révélée par un quotidien zurichois, l’affaire Broulis place Vaud dans la position inconfortable du nouveau cancre, susceptible d’essuyer des tirs à répétition. Dans la ligne de mire des critiques: la justice. Symbolique est l’affaire Légeret, du nom de ce Veveysan, condamné à la prison à vie, dont le statut de triple meurtrier se voit démonté par de nouvelles preuves. Envers et contre toute évidence, le procureur du canton s’obstine, il refuse de rouvrir le procès.
Tout retour de fortune comportant un volet consolant, Vaud-la-disgrâce ne fait plus vraiment cavalier seul au chapitre de la moralisation des moeurs politiques. Avec telle affaire qui a éclaté à Genève, le match des métropoles lémaniques pourrait même s’enrichir d’un nouveau derby. Décidément, la politique lémanique devient passionnante!