Le président chinois a pu nourrir cet espoir il y a quelques mois alors que la plupart des sondages donnaient Hillary Clinton gagnante face à Trump. Une élection de l’épouse de Bill Clinton, ce pilier de Davos, ne pouvait que rassurer la Chine, pays devenu très demandeur en matière d’ouverture des frontières, surtout depuis qu’il a adhéré à l’Organisation mondiale du commerce, en 2001. Mais c’est le protectionniste Trump qui a eu la mauvaise idée de gagner l’élection présidentielle aux Etats-Unis et comme l’homme à la houpette dorée lui vole la vedette, M. Xi devra prendre son mal en patience.
L’investiture de Trump étant agendée au 20 janvier, jour de clôture de l’événement de Davos, M. Xi n’aura même pas le plaisir de défier en direct, du haut des montagnes grisonnes, celui qui promet de mener la vie dure à l’Empire du Milieu. Par procuration, il devra se contenter de conter fleurette au «has-been» Obama. Ou, tout simplement, se concentrer sur sa visite d’Etat à Berne, prévue à la même date que Davos. Tout sauf une sinécure si l’on se souvient qu’en 1999, lors de la venue de son prédécesseur Jiang Zemin, les cris de manifestants tibétains avaient failli provoquer une crise diplomatique avec Pékin. On peut supposer que le protocole et le service d’ordre ont tiré les leçons et sauront cette fois éviter une humiliation à l’hôte de la Suisse. Mais Xi Jinping n’est pas tiré d’affaire pour autant.
Il se pourrait même que les oreilles du président chinois sifflent en ce moment, si tant est qu’une subtile coalition d’observateurs de droits de l’homme parvienne à ses fins. Invoquant l’article 33 de la constitution suisse, des personnalités et des ONG font circuler depuis Noël une pétition qu’ils comptent adresser prochainement au parlement ainsi qu’au Conseil fédéral. Ecrite en anglais et en chinois, signée par différentes personnalités de Suisse, elle soumet à une pesée de consciences l’application du traité bilatéral de libre-échange signé en 2013 par la Suisse et la Chine. Elle réclame notamment l’abolition de la torture et la fermeture des camps d’internement. Elle demande en outre l’ouverture en Suisse d’une conférence internationale sur l’approvisionnement en eau de la population tibétaine ainsi qu’une garantie de la liberté d’expression et de déplacement en Chine.