En février 2013, le président américain et son homologue européen conviennent de conclure avant 2016 le plus vaste accord de libre-échange jamais négocié. Connu sous un double acronyme, TTIP ou Tafta, ce traité transatlantique, s’il parvient à ses fins, déterminera les comportements de près d’un milliard de personnes. Le poulet chloré, le bœuf aux hormones, les OGM ou le gaz de schiste s’imposeront-ils sur le Vieux Continent? Les sacrifices pressentis ne sont pas à sens unique car l’Amérique pourrait aussi devoir ouvrir aux Européens ses marchés publics, réputés jusqu’ici impénétrables.
Le colossal enjeu n’empêche pas le mystère de rester à peu près entier sur l’état et le contenu exact de ce projet d’OTAN économique. Dans les médias, les articles et les émissions consacrées au sujet restent rares. D’où l’intérêt d’un petit livre qui vient de paraître, « Docteur TTIP et Mister Tafta ». L’auteur, un jeune journaliste français, Maxime Vaudano, y livre les résultats d’une enquête menée sur la base d’informations plus ou moins officielles et disponibles. Et que révèle en premier lieu ce Treaty Leaks? Eh bien que le Tafta a été imaginé pour mater la Chine, l’épouvantail qui paralyse l’OMC, le gendarme du commerce basé à Genève. Par effet d’entraînement, il la forcerait à se plier aux normes américaines.
La Suisse dans tout ça? Fort peu disert jusqu’ici, le Conseil fédéral joue la prudence mais n’exclut aucune éventualité. Plus désinhibé, SuccèSuisse, un lobby de la droite économique, estime que la Suisse, partenaire commercial important de Bruxelles et Washington, n’aurait pas d’autre choix que de rallier le Tafta, une initiative qui aboutirait au «démarrage d’un nouvel ordre mondial, éclipsant à terme l’OMC». A bon entendeur genevois, salut!