Un personnage hilare, vêtu d’un costume bleu foncé, cravaté, jette un regard possessif sur un homme frêle et pâle qu’il tient par le bras. Portant un habit froissé, col de chemise ouvert, ce dernier a le sourire gêné. L’air de celui qui ne sait pas s’il doit remercier ou continuer à bouder. L’image suit l’annonce d’un accord, l’octroi de nouveaux milliards à un pays en faillite, la Grèce.
Le citoyen retient une chose: sans cet argent, la Grèce ne pourrait pas honorer ses engagements, ses banques resteraient paralysées, le peuple descendrait dans la rue réclamer du pain.
Sans cette «aide», allez savoir, une structure protégerait-elle encore les touristes des «boat-people» qui tentent de gagner les plages de la mer Egée à la nage? Le quidam se demande aussi pourquoi ce que l’on accorde à un pays, on le refuserait à d’autres dominos potentiels, le Portugal, par exemple. Où s’arrêtera la spirale infernale, vers quel trou noir nous entraînent les communautés nationales au bord de l’explosion sociale?
Il a raison de s’inquiéter, le citoyen. Mais il a tort de tout focaliser sur le porte-monnaie et ferait bien de s’interroger aussi sur les conséquences des concessions octroyées par le gouvernement grec. Elles sont tragiques car elles équivalent à remettre le pays pieds et mains liés au capital étranger. Aéroports, autoroutes, chemins de fer, eau, gaz, électricité: rien n’échappera à la rapacité des Midas d’outre-mer.
Les règles du libéralisme, commenterez-vous?
Peut-être ajouterez-vous même que le port du Pirée se porte mieux depuis qu’il est passé en mains chinoises? Manière de voir. Une autre est d’imaginer la reconstruction d’un pays à partir de son génie propre.