Qui n’a pas mémorisé le pavé jaune que Nick Hayek portait au poignet le 12 mars dernier, impossible de le rater à la Une des médias… Pas n’importe quel ustensile, une montre «intelligente», prélude aux applications multiples qui permettront à l’utilisateur de prélever de l’argent, payer ses achats au supermarché ou bien faire démarrer son automobile. Pour promouvoir cette nouvelle fée du logis les dirigeants de Swatch et d’Apple ont engagé une course contre… la montre, ils ont mobilisé tous les médias du monde à quelques jours d’intervalle. Mais c’est Apple qui a tiré le premier.
Nick Hayek a-t-il eu tort d’en dire trop, le 5 février dernier, lors de la présentation des résultats de Swatch? Lui qui au départ affirmait son hostilité à la montre connectée avait annoncé néanmoins l’imminence de la sortie d’un tel modèle par Swatch. Dès lors Apple ne s’est pas gêné d’accélérer le rythme de sa communication. Le plus novateur, c’est moi! Non, moi! Aux prodiges de la technologie vantés par la marque à la pomme, le groupe suisse réplique en critiquant le côté gadget et l’autonomie restreinte du produit Apple. Mais surtout Swatch ne régate pas sur le même créneau, celui du smartphone.
On verra qui gagnera sur le plan de la persuasion. En l’état, du fait de son génie dans la communication, c’est plutôt Apple qui semble damer le pion à ses concurrents suisses et asiatiques. L’horlogerie helvétique ne périra pas pour autant mais elle joue gros dans le moyen de gamme, terreau de la montre connectée, où des milliers d’emplois sont en jeu, comme l’a relevé sur les ondes de la RTS Elmar Mock, co-inventeur de la Swatch. Le spectre des années septante, qui avait vu la Suisse rater le virage de l’électronique, pourrait ressurgir.