La première conséquence est que la Suisse semble déplacer vers l’Est son centre d’intérêt.
On l’avait déjà remarqué à Sotchi, quand le président russe a partagé le verre de l’amitié dans le pavillon suisse. L’atmosphère semblait détendue et empreinte de franche cordialité. La vigueur de la poignée de mains échangée le 7 mai à Moscou entre Didier Burkhalter, revêtu de sa casquette de président de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, et Vladimir Poutine est un autre signe qui a marqué les esprits.
Il n’échappe à personne qu’au-delà des mots rassurants de façade sur le destin de l’Ukraine, les rapports entre les deux hommes exhalent une certaine complicité. Et quand le chef de la commission d’enquête du Bundestag allemand entend auditionner le lanceur d’alerte américain Edward Snowden dans les locaux de l’ambassade de Suisse à Moscou, il ne fait rien d’autre que de cautionner cette confiance réciproque.
Le roucoulement est de mise au chapitre économique également. Alors que Washington et Paris boudent les foires en Russie, les hommes d’affaires suisses ne se gênent pas pour s’y précipiter. Les investissements directs helvétiques prennent l’ascenseur.
Le revers de la médaille est d’ordre éthique. En disgrâce dans des régions traditionnellement pourvoyeuses de fonds, les banques genevoises enregistrent malgré tout une hausse de la fortune sous gestion. D’où vient-elle? S’il s’agit du bas de laine des oligarques, la fierté n’est pas forcément de mise.