Ce sociologue et journaliste français a consacré quatre années de sa vie à traquer les réseaux gays du Vatican. Le problème n’étant pas l’orientation sexuelle en soi mais bien l’hypocrisie qui prévaut dans un Etat au langage traditionnellement homophobe. En nettoyant les écuries d’Augias, le pape François essaie de remettre les pendules à l’heure mais son combat se heurte à de sombres résistances.
L’ouvrage fascine par la méthode. L’auteur n’a pas eu de peine à recueillir les confessions de prélats parfois très hauts placés. Le Vatican ressemble à une ruche de frelons dont les clans se livrent une lutte sans merci. Dans ce panier de crabes, cancans et délation font fureur. Martel prend soin toutefois de vérifier les allégations en les recoupant avec d’autres témoignages, il a sillonné la planète, multipliant les entretiens avec des archevêques, nonces et cardinaux. Il a vécu au Vatican. Cette rigueur, cet entêtement à rechercher la vérité au coeur d’un système éminemment secret, confère à son travail une dimension quasiment scientifique.
Le livre se dévore mais doit être saisi avec des pincettes du fait de son caractère unidimensionnel. Face aux scandales de pédophilie, Martel dépeint une Eglise tellement malade qu’il la voit sur le point de succomber. Pourtant une partie non négligeable du personnel de l’Eglise ne participe pas aux dérives. Des religieux intègres et courageux existent, qui sont à même d’appliquer la mission éminemment économico-philosophique dévolue à l’Eglise par sa doctrine sociale. A savoir la réalisation d’une économie au service de l’homme sous-entendant la critique du matérialisme capitaliste et collectiviste qui aboutit au consumérisme.
Anticiper la mort de l’Eglise est une chose, analyser les conséquences de sa disparition en est une autre.