Un quai Franz Weber? Montreux y songe, disons plutôt quelques personnalités proches de la gauche qui n’y sont pas domiciliées, nul n’est prophète dans son pays. Les notables radicaux ont encore dans la rate l’échec du projet de bretelle autoroutière de la Perraudettaz. Un vote populaire sauva Ouchy, son port et son lac, les milieux économiques durent battre en retraite. Il ne faudra pas compter sur eux pour faire avancer l’idée. De fait, le syndic de Montreux, le radical Wehrli, ne montre aucun empressement. La Riviera ferait bien de se dépêcher pourtant. Elle pourrait rougir de honte si la France la prenait de vitesse. Aux Beaux de Provence, des édiles envisageraient sérieusement de rebaptiser une de leurs artères du nom de Franz Weber, sauveur de la réserve naturelle des Alpilles grâce à la complicité de Georges Pompidou.
La Suisse romande a quand même un problème avec ses illustres enfants. Denis de Rougemont a beau être l’un des pères de l’Europe, dans le chef-lieu de son canton d’origine, Neuchâtel, il n’a droit qu’à une rue périphérique, repaire d’une déchetterie. Lausanne ne fait pas tellement mieux. Ramuz est certes bien loti avec son avenue entre Pully et Lausanne. Mais Gilles n’a qu’une placette, coincée au milieu de nulle part. On attend avec impatience une avenue Chessex, une rue Charles-Henri Favrod, une place Freddy Buache, pour ne citer que quelques personnalités ayant contribué au rayonnement du canton. Weber, pour revenir à lui, mériterait mieux qu’un bout de quai à Ouchy où d’aucuns – la question agite les courriers de lecteurs – aimeraient le voir déloger Jean-Pascal Delamuraz, les édiles n’ayant pas trouvé meilleure solution que ce cul-de-sac pour honorer l’homme d’Etat au tempérament de sanglier dont le buste maculé de guano compte les navettes en partance pour Evian.
Weber ou Delamuraz? Faux débat! Les deux mériteraient un boulevard.