Il nous reste donc un nombre presque infini d’improbables cryogénisations pour nous préparer à ce feu d’artifice sidéral. A moins que nous n’anticipions le cataclysme en provoquant d’abord notre propre extinction. D’ici-là, l’espèce humaine aura plus de mille fois l’occasion de brûler la planète, la noyer, l’empoisonner, la faire sauter, tout simplement.
Et le chemin le plus rapide pour y parvenir consiste à persévérer sur la voie du dilettantisme en matière de gouvernance. Rien n’a été retenu de siècles de tragédies et de guerres, le monde continue d’offrir un triste spectacle. Certes la durée moyenne de vie humaine ne cesse d’augmenter et la science accomplit des progrès phénoménaux. Mais globalement, la femme et l’homme ne sont pas plus heureux pour autant. Criantes, les injustices et inégalités alimentent une spirale de violence sans fin. Parce qu’il ne fait pas le poids par rapport aux intérêts économiques qui financent ses campagnes électorales, le pouvoir politique est impuissant. Aux prises avec des enjeux électoraux qui les dépassent manifestement, les grandes démocraties semblent à bout de souffle.
Qui suis-je, où vais-je, dans quel état j’erre? Rarement ne s’est posée avec autant d’intensité la question de la finalité de nos destins collectifs. Dois-je « bouffer » des médics pour un oui ou pour un non, tolérer un gazoduc autochtonivore en Alaska, bénir les OGM et les centrales nucléaires? M’abstenir de provoquer les pontes du savoir? Chimistes, biologistes, physiciens et autres docteurs de polytechnique, ils ne manquent pas une occasion de ridiculiser l’ignare profane en condescendantes railleries. Consommez, consommez…, bouclez-la!
Un nouveau contrat social, projet de société soucieux de la dignité et du respect de la personne, est hautement souhaitable. Qui l’imaginera? Et surtout, le cas échéant, qui le portera sur les fonts baptismaux? A l’heure où les entités supranationales connaissent une grave crise de crédibilité, le défi est à la hauteur des QI de leurs économistes et financiers.