Cette question, l’auteur de ces lignes la posait en 1992 dans le mensuel «Bilan». C’était avant le vote sur l’Espace économique européen. L’article à dessein provocateur anticipait le fameux «dimanche noir» du 6 décembre de la même année. L’acceptation de l’initiative sur l’immigration relance le fantasme.
Bien sûr, la topographie de la consultation montre avant tout un fossé entre la ville et la campagne. Les cités de Berne, Bâle et Zurich ont voté comme Genève et Lausanne. Reste que les tracés du «non» et du «oui» épousent parfaitement le pourtour des bornes linguistiques. Sous le coup de l’émotion, l’unanimité se fait jour au sein des gouvernements lémaniques pour réclamer un allégement de la facture de la péréquation, cet argent des cantons aisés reversé aux régions moins favorisées. Puisque celles-ci ont voté pour l’initiative UDC, eh bien qu’elles en assument les conséquences! Il y a un mois, tel conseiller d’Etat romand parlait déjà en privé de «guerre totale» entre son canton et Zurich. On peut imaginer que son courroux ne s’est pas atténué aujourd’hui.
Soyons réalistes, le monde est trop sérieux et la Suisse romande n’a aucune chance d’obtenir sa Banque nationale. Elle peut donc oublier sa part aux 1040 tonnes d’or qui constituent les réserves de la BNS. Et faire une croix sur la perspective d’un franc romand. Les exportateurs lémaniques continueront à rêver d’un franc dévalué rendant leurs produits moins chers donc plus concurrentiels. Pourtant, l’idée ne serait nullement une incongruité historique: au début du 19e siècle, pas moins de 700 monnaies circulaient en Helvétie!