Non, il ne sera pas dit qu’un groupe stratégique de cette importance, voire une seule de ses divisions, passe sous contrôle américain, chinois ou… suisse. Les fleurons français à la France et vive le «patriotisme économique»!
En signant un décret qui n’est rien d’autre qu’une ode au protectionnisme, le ministre de l’Economie a mis la planète financière en émoi, les cerbères du libéralisme jettent l’opprobre sur l’insolent qui fait de la démondialisation son cheval de bataille. Mais depuis quand le régime du libre-échange ne consent pas des entorses à l’ouverture débridée des frontières? Que dire des subventions à l’agriculture et à l’aviation d’affaires? Au bord du dépôt de bilan après les attentats du 11 septembre, les compagnies aériennes américaines n’ont-elles pas dû leur salut qu’au seul soutien de l’Etat?
Ne parlons pas des banques. Sans l’intervention publique pour la sauver du marasme des subprimes, UBS ne serait plus qu’une mention dans un livre d’histoire.
Pour revenir à Montebourg, il est piquant de remarquer que sa défense de croisé veut soumettre au visa du gouvernement l’énergie, l’eau, les transports, les télécoms et la santé, des domaines qui stimulent particulièrement l’ego conquérant des groupes industriels français. Hors des frontières de l’hexagone, ces derniers, qu’ils s’appellent Suez, Veolia ou Orange ne se contentent pas de rôles de comparses. Actionnaire important d’Alpiq, le premier producteur et distributeur d’électricité helvétique, un autre géant français, EDF, a tenté, l’an dernier, de s’immiscer dans la politique de vente et d’acquisition de barrages valaisans. Il en ferait une tête, Montebourg, si la Suisse décidait tout à coup d’éjecter toute présence étrangère du château d’eau de l’Europe!