A quoi leur a servi la soupe apprêtée dans le grand souk, si ce n’est pour apprendre à tomber de haut. Aucune éminence ne leur a donné la recette pour sortir de la crise monétaire, purement spéculative.
Nous l’avons écrit dans notre chronique précédente, à lui seul le franc n’offre plus les garanties d’une monnaie refuge. D’autant moins que le mot d’ordre est désormais aux réductions de salaires, facteur de tensions sociales. En laissant sa langue fourcher à Davos sur la probabilité de cette évolution, le ministre de l’économie a dit tout haut ce que beaucoup d’industriels pensent tout bas. Mais il s’est contredit: difficile d’exiger du peuple une consommation «patriotique» si la valeur des produits indigènes ne baisse pas. Seuls les horlogers de luxe osent encore afficher un sourire éclatant. Le phénomène du «status symbol» leur offre une élasticité positive: plus le prix monte, plus la demande augmente.
En haut, en bas… Une personne qui pourrait redescendre de son piédestal est Didier Burkhalter. Le chef de la diplomatie juge benoîtement que les Suisses feraient bien de voir le bon côté des choses. L’investissement de millions dans la sécurisation de Davos, peut-être? M. Burkhalter y a fait le plein de rendez-vous mais le moins que l’on puisse dire est que le retour sur investissement de son entretien avec Laurent Fabius n’a pas été au rendez-vous. Ne vous laissez pas abuser par les titres de dépêches, annonçant «un pas important» dans le contentieux fiscal entre la Suisse et la France à propos de l’aéroport de Bâle-Mulhouse. Retenez plutôt que les prestataires helvétiques se verront imposer une fiscalité… française. Un «mauvais compromis», commente, pudique, « Le Temps ». Dit crûment, la Suisse s’est fait rouler dans la farine.
Chronique parue dans GHI du 28 janvier 2015.