i certains gouvernements européens ont autant tâtonné dans la gestion de la crise virale, c’est parce qu’ils ont péché par insouciance et laxisme. Faisant fi de l’élémentaire prudence que commande la menace prouvée de pandémie depuis quelques décennies, ils n’auraient jamais dû bazarder leurs réserves de masques. Mais surtout il eût été beaucoup plus honnête qu’ils l’avouassent d’emblée. Le résultat en France: l’affaire va coûter cher au gouvernement. Des faiseurs d’opinion tels que Mediapart n’hésitent pas à commettre un crime de lèse-majesté en réclamant la tête du président.
La Suisse n’est pas exempte de reproches. Ex-membre du gouvernement vaudois, la parlementaire fédérale Jacqueline de Quattro se répand en conseils lénifiants dans les colonnes d’un quotidien local. Le pays serait bien inspiré de se doter d’un état-major stratégique, capable de réfléchir aux menaces futures de type Covid! On est toujours plus intelligent après coup, bien sûr. Reste que cette politicienne siégeait au gouvernement vaudois en 2014, quand son canton a cédé une partie de ses masques au Libéria, touché par l’épidémie d’Ebola. Pourquoi n’en avoir pas racheté dans la foulée pour respecter les consignes sanitaires? En charge de l’environnement, Mme de Quattro était doublement légitimée à s’interroger. Aujourd’hui, c’est à ses anciens collègues que revient le mauvais rôle. Présidente du gouvernement vaudois, Nuria Gorrite a dû faire amende honorable et reconnaître la bêtise.
Si la plupart des Etats européens imposent le masque à leur population, c’est qu’il y a de bonnes raisons à cela. Mais à Berne, on ne veut toujours pas entendre parler d’une généralisation de cette protection de base. Et gare à celui qui oserait contredire la parole divine! Pour avoir osé qualifier de « criminelle » cette posture du déni, tel journaliste romand de haut vol a été censuré par son journal. La pression est forte, elle émane des relais du Conseil fédéral dans les états-majors médicaux: mal utilisé, le masque ne sert à rien. Ces Dr Knock n’ont pas complètement tort mais ce faisant, ils ne font que jeter le bébé avec l’eau du bain. On aimerait surtout savoir comment le seul respect de la distance suffit à éloigner le risque dans les transports publics pendant les heures de pointe, dans ce nid à bactéries qu’est le métro lausannois, par exemple.