On se pâmait devant la couleur de la cravate ou des yeux, le talent de comédien. Aujourd’hui ces mêmes médias s’en donnent à cœur joie pour démolir ce qu’ils ont encensé.
Me X., Me Y.? Des vieux croulants, laissons le fleuve de boue les emporter, place aux jeunes générations qui sauront réinventer le monde selon des codes nouveaux! Le cri du rédacteur en chef d’un quotidien romand aurait pu provenir d’une barricade de Paris. On laissera le temps confirmer ou infirmer cette gaie prophétie.
Pour l’heure, au-delà de la réaction épidermique que peut entraîner l’affaire Panama, la question intéressante est de se demander quel sera l’impact de l’opération «mains propres» sur la pratique de certains métiers.
«L’informatisation totale des documents entraîne une vulnérabilité sans précédent des données personnelles. Panama ne saurait tailler en pièces le secret professionnel de l’avocat», répond dans Le Temps l’avocat genevois Nicolas Capt. Lequel rappelle que l’existence d’une société démocratique repose sur la confidentialité.
On pourrait ajouter la confiance. La protection de la sphère privée imprègne aussi la Déclaration des devoirs et des droits du journaliste, code de conduite qui préconise de «ne publier que les informations, documents, images et sons dont l’origine est connue».
Plus loin, il est demandé au journaliste de «s’interdire les accusations anonymes ou gratuites». Une consigne peu suivie dans l’affaire Panama, s’il est vrai, comme l’a affirmé le chef de la cellule d’enquête helvétique, que ces milliers de documents proviennent d’une «source anonyme».
GHI