Il bêle d’émotion joyeuse quand on le ratiboise mais se cabre de dépit au contact d’une nouvelle censée mettre du beurre dans ses épinards. Grâce à des lanceurs d’alerte anonymes, on sait que la moitié de la planète échappe au fisc. Si nul ne finira en geôle pour autant, l’opprobre ne s’en répand pas moins sur une pratique que le bon peuple réprouve.
Logiquement, on aimerait se dire que les administrations fiscales prendront le relais de cet accès d’indignation légitime en venant frapper à la porte des contribuables infidèles. Mais comment en être sûr si le secret est de mise? A terme, quoi qu’il en soit, le soufflé a toutes les chances de retomber: le magot se tarira car on ne ponctionne pas des nouveaux pauvres. Du coup le percepteur repartira chercher l’argent où il se trouve encore, c’est-à-dire dans la poche de la classe moyenne.
Dindon, le citoyen suisse crut l’être déjà quand on lui annonça la mort du secret bancaire qu’il encensait année après année. Qu’il se détrompe, ce dernier revient à la vitesse grand V! Si vous ne me croyez pas, reprenez les dépêches de la semaine dernière, celles qui concernent les résultats d’UBS. Le fort recul du bénéfice a marqué les esprits des très rares commentateurs mais peu ont retenu l’aspect véritablement intéressant de ce premier trimestre, à savoir l’afflux d’argent frais. Près de 30 milliards de francs! Rendez-vous compte, le triple des fonds sous gestion d’une petite banque privée.
UBS n’étant certainement pas un cas isolé, le retour aux affaires de la gestion de fortune helvétique pourrait bien se profiler à l’horizon. La question étant de savoir d’où provient cette nouvelle manne et s’il s’agit d’argent au-dessus de tout soupçon.