L’homme qui se frotte des mains est Vladimir Poutine à qui tout réussit, ou presque, ces derniers temps. Dans l’attente de l’apothéose des jeux de Sotchi, l’an prochain, le locataire du Kremlin a pu sabrer le champagne en Syrie, l’automne dernier, où une guerre mondiale a été évitée de justesse, notamment par ses soins. En ce début d’hiver, la lutte d’influence tourne aussi en sa faveur en Europe orientale, comme en témoigne la poignée de mains échangée entre le chef de l’Etat russe et son alter ego ukrainien sous les yeux ébahis de l’UE.
La lourdeur de Bruxelles n’a d’égale que la virtuosité de Poutine dans un marchandage dont l’atout maître est l’or gris, stratégie développée par les entités gazières russes depuis 2007. Cette année-là Moscou lance le projet South Stream qui contourne l’Ukraine pour faire pièce au chantage de Kiev. L’idée est aussi de damer le pion à Nabucco, le gazoduc concurrent imaginé quelques années plus tôt par l’UE pour diversifier les sources d’approvisionnement en partant des champs azéris. Moscou mettra tellement de peaux de banane sur le trajet de Nabucco que ce dernier, enlisé dans les susceptibilités turques, italiennes ou hongroises, risque bien de ne jamais voir le jour, contrairement à South Stream dont la construction a débuté fin 2012.
Résultat des courses, Poutine a pris tout le monde de vitesse et Kiev, à qui Moscou octroie un rabais important sur ses livraisons, doit se rendre à la raison. Echec et mat en deux temps trois mouvements, l’Europe de l’Atlantique à l’Oural a plus que jamais l’odeur du gaz russe.
Article paru dans GHI du 24 décembre 2013.
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