«Les CFF bougent la Suisse», baragouine, en français fédéral, le slogan figurant sur le site internet de la régie ferroviaire. Les CFF «bougent» et les Suisses ne reconnaissent plus leurs centres-villes.
Un article du Tages-Anzeiger montre comment les CFF ont mis le grappin sur les quartiers entourant les grandes gares du pays en spéculant sur le marché immobilier. A Zurich, le modèle a pour nom Europaallee, 78’000 m2 de locaux aménagés en temple de la consommation, hôtel, bureaux et logements cossus. Lucerne est sur la même voie, Olten aussi. En Suisse romande, Genève et Lausanne n’échappent pas à l’appétit de CFF immobilier, une division qui est désormais le fer de lance financier de la régie. Et tant pis si cette nouvelle vocation contredit la politique fédérale de l’aide au logement. Les grandes cités ont épuisé leur réserve de grandes surfaces pouvant être affectées à des habitations bon marché, observe le quotidien zurichois.
Plus gros propriétaire immobilier du pays, les CFF tiennent à valoriser leurs actifs, cela peut paraître légitime. Le problème est que le contexte de privatisation partielle qui entoure les régies publiques n’autorise pas celles-ci à disposer comme bon leur semble du patrimoine commun, même s’il est désormais trop tard pour faire machine arrière à Zurich ou Cornavin. Lausanne a encore sa transformation devant elle mais le rouleau compresseur s’est mis en marche, un chantier comme la ville n’en a jamais connu, va s’ouvrir.
«Responsabilité envers la société et l’environnement», promettent les CFF dans leurs brochures. Les habitants des métropoles sont vraiment des bonnes pâtes pour les croire.