La campagne s’est vautrée dans la fange, les médias ont titré sur les vices de l’un, les casseroles de l’autre. Etonnamment très peu ont débattu du fond, à savoir quelles seraient les conséquences pour les banques, notamment helvétiques, de l’élection de Donald Trump ou de Hillary Clinton. Elles seront pourtant importantes, n’en déplaise aux apparences qui tendent à présenter ces personnes comme deux Janus, caricatures ricanantes d’un même système dévoué aux puissances de l’argent.
Il n’a certainement pas échappé à UBS et Credit Suisse, par exemple, que les deux candidats s’opposent totalement sur l’application de la loi Dodd Frank adoptée sous l’administration démocrate pour réguler l’activité bancaire aux Etats-Unis, déboussolée par le krach de 2008. Ces banques suisses, probablement les plus engagées aux Etats-Unis, ont jusqu’au mois de juillet 2017 pour rendre leur copie à la Réserve fédérale américaine et détailler par le menu comment elles géreraient une situation hypothétique de banqueroute. Imposée aux établissements « too big to fail », soit d’importance systémique, la rédaction de ce qu’on traduit par « testament », répond à la loi Dodd Frank, justement.
On voit mal comment les deux mammouths bancaires helvétiques pourraient rester indifférents à l’issue de l’élection, dans la mesure où le candidat Trump s’est clairement prononcé pour la levée de cette norme. Reste à savoir, en cas de victoire de l’homme d’affaires à la mèche dorée, si la fin de Dodd Frank serait suffisamment accélérée pour remettre en question l’élaboration de ce fameux« testament », lequel à n’en pas douter, doit constituer un casse-tête pour les banques concernées, contraintes de créer une holding ad hoc aux Etats-Unis.
L’élection doit encore avoir lieu et Donald Trump est loin d’avoir gagné. Mais il n’est pas forcément exagéré d’affirmer qu’au moins une banque suisse ne verrait pas d’un mauvais oeil un succès du candidat républicain.