.Un journal espagnol estime que le G20 recèle des opportunités, un quotidien polonais écrit qu’il a été une «catastrophe » pour l’Allemagne. Un titre italien a vu, lui, « une grande victoire pour Donald Trump ». Complètement à contre-pied, l’Agence France-Presse juge, elle, que le grand raout hambourgeois a reflété au contraire l’isolement de Donald Trump.
L’AFP prend probablement les désirs d’Emmanuel Macron pour des réalités. Le président français aurait bien aimé monopoliser l’attention aux côtés d’Angela Merkel. Hélas pour lui c’est la rencontre entre Poutine et Trump qui a fait le buzz.
Peu importe que l’on ne sache pas ce qui a figuré au centre des discussions. Les deux hommes utilisent un skype rouge qui leur permet de s’atteindre quand bon leur semble. Nul besoin d’un voyage à des milliers de kilomètres de son palais, qu’il soit de marbre blanc ou à coupole dorée, pour savoir ce que pense sa contrepartie de l’étendue de la zone de pêche au large d’un archipel norvégien, histoire d’y procéder à des sondages pétroliers.
Rien ne remplace par contre une bonne poignée de mains devant les caméras pour tranquilliser l’opinion. La catalyser dans le moule d’une gouvernance aux ordres des fabricants de leurres. Car c’est bien de cela qu’il s’agit au G-20, comme au G-8, d’ailleurs. Jeter de la poudre aux yeux. Laisser croire que des solutions au mal-être de l’humanité s’ébauchent dans une sérieuse concertation, n’admettant pas d’autre alternative. Surtout pas celle des tenants pacifistes d’un mode de vie différent dont les options constructives se voient annihilées par la publicité faite aux émeutiers dans la rue.
Plus rien ne sera peut-être comme avant après ce sommet fantasque. Créé en 1999 pour remédier aux dérives systémiques, le G-20 devait concerner en premier lieu les présidents des banques centrales. Il s’est transformé au fil des années en rendez-vous des chefs d’Etat. Mais cette vocation dévoyée pourrait à son tour retourner sa veste.
En faisant son deuil d’une certaine dignité, l’ « ordre » mondial entre dans une ère où le véritable pouvoir s’affichera sans fard. Celui qu’exercent une centaine de multimilliardaires reliés entre eux au sein d’une amicale numérique. Pour les principaux actionnaires des groupes qui contrôlent l’économie mondiale, les dirigeants politiques ne sont que des pantins malléables à souhait.