L’économiste américain décédé en 2006 à un âge très avancé avait élu domicile dans les montagnes bernoises, un choix de vie qui l’influençait sans doute favorablement dans sa réflexion sur l’évolution du monde. Rien ne vaut l’éloignement pour analyser en toute indépendance les déviances d’un système. Mais que disait Galbraith dans son essai publié en 2004, son testament, en somme?
Plusieurs choses. La première, c’est que le capitalisme a disparu du langage courant mais pas de la pratique. Comme il n’a pas bonne presse, on a changé son nom. On parle désormais d’économie de marché. L’expression ne veut rien dire ou à peu près mais elle rassure. Eh bien dans notre économie de marché, le travail existe toujours, il bénéficie même du consensus universel, mais il est diversement apprécié, selon que l’on soit riche ou pauvre.
Galbraith à son tour aimait citer Keynes, l’auteur de cette épitaphe imaginaire sur la pierre tombale d’une vieille femme de ménage: «Ne me pleurez pas, mes amis, jamais, car je ne vais plus rien faire pour l’éternité».
Que dirait Galbraith des robots qui commencent à envahir notre quotidien, du moins dans les propos des docteurs Knock de la nouvelle révolution industrielle, la quatrième, celle qui nous viendrait d’Allemagne. Plus de jour sans que l’on ne mette en avant les perspectives enchanteresses qu’offrira l’intelligence artificielle à l’humanité. Cette technologie qui éradiquera la pauvreté, claironnent les chiens de garde de la numérisation. Mais pas la guerre dont la capacité de destruction meurtrière aveugle semble, au contraire, appelée à augmenter. Telle fut d’ailleurs la dernière prédiction de Galbraith.