Un navigateur solitaire voguant sur le Pacifique nord eut la surprise de découvrir une île de la taille de la France. Non ce n’était pas M. Cook au 18e siècle, mais un marin américain en 1997. L’île était une masse de plastique, des déchets par millions, dérivant sur l’océan. Mélancholie infinie des baleines étouffant sous la banquise-poubelle.
Le plastique est-il un bienfait ou une plaie d’Egypte? Présent sur les étals des supermarchés, ce dérivé du pétrole symbolise la société de consommation. Qui songerait à s’en priver? En médecine aussi, le plastique est un must. Cette matière souple ou transparente quand il le faut, étanche, est tellement indispensable qu’on accepte de polluer gravement la mer pour elle.
On s’entretue aussi au sens propre pour le plastique, ou plutôt pour la matière première sans laquelle il n’existerait pas. Il paraît qu’au début des années trente la guerre dite du cacao entre la Bolivie et le Paraguay avait l’or noir pour deuxième raison. Idem pour le conflit du Biafra, dans les années soixante. Les guerres plus récentes comme celle du Golfe ou l’invasion de l’Irak cachaient mal le véritable motif de l’occupation du berceau de la civilisation. Il s’agissait de faire main basse sur le pétrole.
Ne parlons pas de l’intervention occidentale en Libye ni de la Syrie. Officiellement, on s’en prend à la dictature au nom des droits humains. La réalité est beaucoup moins noble.
Bienheureux les Inuits qui vivent sur des réserves de pétrole sans avoir l’idée de planter un seul derrick. Pourtant l’Antactique est source d’un grand enjeu pétrolier. On leur tient les pouces, à ces chasseurs de poisson et de phoques. Combien de temps tiendront-ils blancs comme neige dans leurs petites maisons en bois? Parviendront-ils à éviter le sort de leurs cousins du sud, génocidés au nom du progrès de l’homme blanc?
Mais au fait, les Inuits utilisent-ils le plastique?