Nul ne sait si des investisseurs se jetteront d’une tour de Shanghai après avoir vu leurs économies englouties dans le krach boursier de 2015. Mais une chose est certaine: si cela devait hélas arriver, leur gouvernement, qui les a engagés sur cette voie, porterait une lourde responsabilité.
Les Chinois, on le sait, ont la passion du jeu. En 2014, les médias nationaux prirent le relais des autorités pour inciter les épargnants à boursicoter. Par grappes de dizaines de millions, les Chinois s’endettèrent pour acheter des titres. Personne ne voulait manquer sa part du gâteau.
L’éclatement de la bulle mit fin à cette spirale infernale. En quelques séances la capitalisation globale chinoise se réduisit de moitié. Une quantité considérable d’individus furent ruinés probablement dans cette course sauvage au capitalisme le plus outrancier. Un comble pour un pays qui n’a pas renoncé officiellement au dogme communiste.
La Chine sombrera-t-elle dans les désordres et le chaos? Pas forcément. Mais on ne peut s’empêcher de faire la comparaison avec le krach de 1987 dans le monde occidental. Pendant les semaines qui l’ont précédé, une folie spéculatrice s’était emparée des petits salariés, grenouilles qui aspirèrent au statut de bœuf en regardant sur des spots télévisés Catherine Deneuve les inviter à entrer dans la danse.
Après que 30% de leurs avoirs se furent évaporés en bourse, les dindons de Ponzi jurèrent qu’on ne les y reprendrait plus. Le capitalisme perdit de son aura, les masses populaires déléguèrent la prise de risque à une infime minorité de spécialistes surpayés. Et le fossé social porteur de violences s’accrut.