Nous ne croyions pas si bien dire.
Depuis, l’actualité a été dominée par les jeux de Sotchi, la révolte de Kiev et l’affaire de Crimée. Alors que l’Occident menace la Russie de sanctions, le constat de la dépendance énergétique européenne revient dramatiquement sur le devant de la scène.
On mesure aujourd’hui les conséquences de la prise d’otage dont Gerhard Schröder a été la cheville ouvrière après sa défaite contre Merkel en 2005. L’ancien chancelier allemand prend alors la tête d’un consortium gazier et s’empresse d’offrir une autoroute gazière à son ami Vladimir Poutine. Ce sera le projet Nord Stream, mené tambour battant par Moscou: avant de débouler en Allemagne, le gaz russe plonge dans la Baltique au nez et à la barbe de la revêche Pologne. L’inauguration du gazoduc, en 2011, permet à la Russie de consolider sa position de premier fournisseur d’or gris à l’Europe. Et à la Suisse de confirmer son rôle de havre discret: le siège du consortium Nord Stream se trouve à Zoug.
La guerre est-elle perdue pour autant pour l’Europe? Non, car rien ne dit que l’Occident, s’il parvient à l’autonomie énergétique, ne coupera pas le robinet du gaz russe. Ce serait le pire des scénarios pour Moscou qui ne peut pas imaginer un seul instant la perte de sa principale source de devises. D’où la nervosité de Poutine.
Grands joueurs d’échecs, les Russes se rendent compte que la partie aboutit à un pat avec Bruxelles. Mais ils redoutent encore plus de subir un mat face aux Etats-Unis qui tentent l’impossible pour rebondir à leur avantage dans la crise en stimulant leur production d’or gris.