Au vu des signatures apposées – non sans réticence – par des acteurs rebelles tels que Cuba et le Venezuela, on se dit qu’il mérite sans doute un minimum d’estime, bravo M. Azevedo. L’arrivée d’un Brésilien à la tête de la gendarmerie des échanges contribue probablement à décomplexer une enceinte trop longtemps inféodée aux intérêts occidentaux.
Mais si Bali a peut-être sauvé l’OMC, il serait pour le moins hasardeux d’affirmer que Bali a sauvé le monde. Les commentateurs qui prêtent au grand souk la solution miracle pour régler le problème de la famine peuvent d’abord tourner leurs regards vers l’Afrique où le meilleur garant de la stabilité sociale et économique n’est pas l’OMC mais l’armée française. En matière de projet constructif et rassembleur, on a vu mieux.
On peut également s’interroger sur les conséquences pour la paysannerie, désignée au départ comme victime expiatoire du marchandage en cours. L’accord de Bali, jurent les négociateurs suisses, préserve les subventions agricoles, ce qui paraît logique dans une optique de sécurité alimentaire mais ne s’en situe pas moins en porte-à-faux par rapport à la finalité de l’OMC, qui est l’abolition de tous les obstacles aux échanges.
Dès lors, convient-il de crier au triomphe sur tous les toits, si ce n’est sur celui du bâtiment de l’OMC dans l’agrandissement duquel ont été investis des dizaines de millions. Grâce à Bali, le siège conservera ses fonctionnaires. A Genève, au moins, l’argent n’est pas jeté par la fenêtre.