La Chine s’est tellement éveillée qu’elle affole aujourd’hui le Japon en lui disputant des atolls parsemés de pétrole dans le Pacifique. Elle panique les Etats-Unis dont elle est devenue le principal créancier.
Washington doit regretter amèrement d’avoir ouvert à l’empire du Milieu les vannes du commerce mondial en lui offrant un siège à l’OMC. C’était en 2001, l’Amérique contemplait avec condescendance la progression de la patrie de Mao en termes de PIB, elle y voyait un marché pour les automobiles made in USA et comptait sur son évolution parallèle vers davantage de démocratie. La Chine est certes devenue une superpuissance mais elle n’a pas renoncé à sa structure totalitaire. Sur le terrain social, les pays occidentaux où les salaires bénéficient d’une protection syndicale ne luttent pas à armes égales avec elle. Ses normes environnementales laissent à désirer.
D’où la tentative de Washington de lui damer le pion par le biais du traité Tafta négocié avec Bruxelles. S’il aboutit, l’Europe et les Etats-Unis formeront un OTAN économique façonné pour savonner la planche aux exportateurs chinois. On est bien loin de la vision de Dominique Strauss-Kahn d’intégrer le yuan dans le panier de devises DTS, la monnaie de réserve du FMI. En 2011, l’arrestation aux Etats-Unis de l’ancien directeur de cette institution monétaire était tombée à point nommé pour empêcher ce projet de se réaliser.
Têtu, Washington persiste: la semaine dernière au G7, Washington a mis une fois de plus son veto à l’intégration du yuan, repoussant de cinq ans toute décision sur le sujet. Le temps que déferle un nouveau tsunami sur la planète finance?
Chronique parue dans GHI du 3 juin 2015.