Le consensus médiatique critique non sans raison l’action politique du président américain, ses incohérences apparentes, son népotisme présumé, le déni environnemental, les bombardements aveugles. Autant d’attitudes qui placent le monde sur la corde raide des tensions multiples et mettent à dure épreuve les nerfs des dirigeants de la planète.
Par souci de bonne foi, les médias dominants se devraient de reconnaître parallèlement un effet induit non négligeable de la gouvernance Trump: la confiance que l’homme d’affaires multimilliardaire inspire aux investisseurs. Or cet effort n’a pas été fait. Pourtant les analystes se sont complètement trompés le jour de l’avènement de Donald Trump. Ils anticipaient une chute du marché des actions, c’est tout le contraire qui s’est produit. « Tant mieux » pour les secteurs dont les titres grimpent, la santé, la finance, la défense ou les infrastructures. Grâce à eux les indices boursiers sont revenus à leur niveau d’avant le grand krach de 2008.
Pour avoir misé sur la candidate Clinton, les GAFA, acronyme utilisé pour identifier les sociétés du numérique, Google, Apple, Facebook, Amazon, ont en revanche perdu leur pari. Aujourd’hui elles paient ce manque de clairvoyance. Dans l’euphorie de son aveuglement, Jeff Bezos, patron d’Amazon et du Washington Post, n’était-il pas allé jusqu’à vouloir expédier M. Trump en spoutnik autour de la lune pour observer si des canards y vivent laqués, enfin, manière de dire.
L’homme à la houpette dorée n’a pas oublié et se venge. A sa manière. Désormais les entreprises américaines doivent arrêter de délocaliser en Chine où elles fabriquent à bas coût. La consigne est le « make in USA ». La pomme frappée des cinquante étoiles est restée particulièrement au travers de la gorge d’Apple qui risque d’affronter un renchérissement des prix des smartphones et une baisse de ses ventes. On entend toujours plus parler d’un éclatement de la bulle GAFA.
Silicon Valley s’étrangle mais pour le commun des mortels l’appréciation des indices boursiers n’est pas une mauvaise nouvelle en soi dans la mesure où le quidam cher à Guy Béart, devenu l’otage de Wall Street, voit ses vieux jours revalorisés par l’intermédiaire des caisses de pension dont une partie de la fortune s’investit en bourse. Le taux de couverture moyen a regagné des niveaux acceptables.
Le retournement de tendance touche aussi les titres bancaires. Affichant un bénéfice affriolant, la banque Julius Baer, par exemple, a vu le cours de son action littéralement exploser en ce début de semaine. Oubliées, les vexations de l’ère Obama. Les banques suisses ont soutenu la campagne de Trump et bénéficient des bonnes dispositions de l’hôte de la Maison Blanche à leur égard.
On peut crier à l’indécence devant les bégaiements historiques mais il y a une certaine schizophrénie à accepter de vouloir faire partie d’un système et de critiquer les démiurges de ce système. Pour être cohérente, la critique de Trump devrait s’accompagner d’une véritable remise en question idéologique du mode de vivre. Savoir pourquoi on continue à faire la guerre pour le pétrole, une substance qui asphyxie le monde avec ses émanations nocives pour la santé et ses dérivés comme le plastique. Ce débat n’a pas eu lieu non plus sous l’ère démocrate. En plus le parti cher à Barack Obama n’a pas eu le courage de donner sa chance au trublion Bernie Sanders lors de la convention de 2016.
Il se pourrait d’ailleurs que l’honni Donald Trump soit contraint de rendre, d’une manière ou d’une autre, son sceptre avant l’heure. Nul ne sait comment évoluera alors la politique mondiale. Par contre une chose est sûre, aucun boom boursier n’a vocation à l’éternité car les cycles sont une constante de la vie. Trump ou pas, mais vraisemblablement plutôt sans lui, le krach attend au bout de l’avenue. Gare au retour du balancier!