La population manque de tout: lait, farine, café, viande, savon. Des sandales en plastique coûtent l’équivalent d’un salaire mensuel moyen. Par contre le trafic de narcotiques explose. A qui la faute? Au régime et à son chef, l’énigmatique doctrinaire Nicolas Maduro? Ou à l’opposition qui ne perd pas une occasion de mettre de l’huile sur le feu avec la bénédiction de Washington?
Les héritiers du colonel Hugo Chávez affrontent la profonde déception de nombreux électeurs. Leur perplexité aussi. «Tous mes amis qui étaient pour le gouvernement doivent se rendre à l’évidence: rien ne va plus. Quel gâchis, quel dommage.» Ce courriel d’une Vénézuélienne parvenu à votre serviteur a été écrit en mai 2015. Depuis la situation n’a fait qu’empirer: l’inflation atteint 700%, elle est la plus élevée de la planète. Si bien que les rumeurs d’un coup d’Etat militaire vont bon train. Les galonnés qui ont soutenu la révolution bolivienne tourneront-ils casaque?
Le Venezuela n’a jamais été un pays particulièrement tranquille. La violence citadine y sévit de manière endémique en dépit de la redistribution des revenus pétroliers censée réduire les disparités sociales. Mais le Venezuela a le mérite d’entretenir une démocratie depuis la chute du dictateur Pérez Jiménez en 1958. Sa glissade vers le chaos brise le cœur de ceux qui ont bien connu ce pays doté d’une faune et d’une flore fascinantes. Le Venezuela disposant des plus grandes réserves de pétrole, sa déstabilisation n’est pas sans conséquence sur la conjoncture mondiale. D’où le risque très sérieux d’une intervention de l’armée.
GHI