Une conférence de presse eût été la moindre des politesses à l’égard du monde médiatico-financier. Hier il fallait donc surfer sur le site du «Financial Times» pour apprendre l’identité du fraudeur présumé, un employé de 31 ans. L’enquête risque de réserver encore beaucoup de surprises.
Sans surprise par contre a été la sanction sur le marché boursier. Jamais contraste n’aura été aussi grand entre les cours des titres des deux grandes banques suisses. Tandis que l’action UBS s’effondre de 10%, en tête de liste des perdants, Credit Suisse parade sur le podium des gagnants, avec une hausse de 6%. Un ange passe dont le nom commence par K, comme l’opérateur londonien d’UBS mais aussi comme Kerviel, le courtier dont les agissements ont failli mener à la banqueroute la Société Générale dont la note a été abaissée il y a deux jours.
UBS subira-t-elle le même sort? La perspective d’un retour d’UBS dans les chiffres rouges est en tout cas une très mauvaise nouvelle pour les caisses de l’Etat car la grande banque ne paie plus d’impôt sur les bénéfices depuis 2008. Elle l’est aussi pour les 65.000 employés d’UBS, dont 3500 figurent déjà sur la liste des sacrifiés dans le cadre de la restructuration claironnée en août dernier.
Sur le plan de la réputation, cette nouvelle affaire s’avère désastreuse pour UBS, une banque parmi les plus fortement touchées par la crise des actifs immobiliers aux Etats-Unis. Les fonds étrangers, dont celui de l’Etat de Singapour, détenteurs de 30% du capital, pourraient bien, cette fois, lancer un ultimatum exigeant la vente ou la liquidation sans délai de la banque d’investissement d’UBS, un boulet devenu ingérable. Le drame est que personne n’en veut, et pour cause.