En cause: le tritium, un élément radioactif dont la présence dans l’eau du système de drainage a plus que décuplé en dix ans. Cette eau se déverse dans la Broye, une rivière de 79 kilomètres de long, qui traverse les cantons de Fribourg et Vaud avant de se jeter dans le lac de Neuchâtel.
L’OFSP assure qu’il n’y a pas de danger pour l’environnement et la population mais n’en précise pas moins qu’il procédera à des prélèvements quotidiens sur le site désaffecté depuis plus de quarante ans. Construit entre 1962 et 1967 dans une cavité de molasse, le réacteur nucléaire avait été entièrement détruit le 21 janvier 1969, suite à la fusion partielle du coeur consécutive à un problème de refroidissement.
Député vert broyard, Roman Hapka s’insurge: « l’eau potable va avoir un goût saumâtre dans la Broye, sans parler de celle d’Henniez! Quand j’entends les déclarations de l’OFSP, j’ai l’impression de me trouver à Tchernobyl ou Fukushima. En tout cas, je vais continuer à suivre l’affaire de très près, car il ne faut pas que l’accident de Lucens soit enterré une seconde fois. Imaginons que le taux de Tritium augmente d’année en année, sans parler des dizaines d’autres isotopes qui ont été libérés en 1969: même si il n’y a pas forcément de danger immédiat pour la santé publique, l’image de la Broye verte et accueillante sera démolie. Qui voudra venir vivre avec ses enfants dans une zone perçue comme contaminée? »
En avril 2011, les verts broyards s’inquiétaient, dans un communiqué, de « la politique d’omertà des autorités suisses chargées des questions nucléaires ». Dans la foulée, ils demandaient l’arrêt immédiat de la centrale nucléaire de Mühleberg, près de Berne. Aujourd’hui ils attendent du conseiller fédéral Alain Berset qu’il joigne les actes à la parole. L’an dernier, alors qu’il représentait son canton au Conseil des Etats, le Fribourgeois avait déposé une interpellation au parlement, s’inquiétant des coûts d’assainissement de la centrale de Lucens.
« Vu que c’est Alain Berset qui mène maintenant la barque à Berne, on devrait y voir plus clair », espère M. Hapka. Il faut absolument que nous établissions rapidement une liste de revendications légitimes, car les chiffres sont encore et toujours minimisés par l’OFSP. Il est tout simplement inacceptable que les autorités aient menti depuis des décennies et surtout que rien n’a été fait pour connaître réellement les risques futurs, comme des sondages dans la roche, par exemple. Nous devons dès à présent tout mettre en œuvre pour que plus un litre d’eau contaminée ne s’échappe de la centrale. »