En l’état, l’échec des négociations entre le Syndicat suisse des mass media (SSM) et la SSR-SRG laisse mal augurer de la poursuite du partenariat social au sein de la plus grande entreprise de radio-télévision du pays. Il fait craindre une dégradation des conditions de travail et par voie de conséquence une détérioration du niveau de l’information.
Lors d’une conférence de presse mercredi 16 mai 2012 à Genève, les négociateurs du SSM ont dressé un sombre état des lieux. La SSR, accusent-ils, veut péjorer les conditions de travail dans les régions minoritaires, les Romands étant particulièrement ciblés par une «centralisation à outrance» menée depuis Berne où se trouve la direction générale de la SSR. Dans ce cadre, le personnel à temps partiel est «corvéable à merci», la sécurité de l’emploi n’est plus garantie et la SSR ne remplit plus son devoir de formation. La région alémanique est moins touchée car la production est assurée par une filiale externalisée de la SSR, le TPC.
«La SSR cherche le conflit social», résument les responsables romands du SSM. Secrétaire syndicale, Valérie Perrin qualifie de «parodie» les dix jours de négociations qui ont débouché sur une rupture. «Quel jeu joue la SSR? Nous demandons qu’elle revienne à la table des négociations avec un paquet plus acceptable et réaliste. La balle est dans le camp de Roger de Weck, il doit arbitrer».
Deux ans après sa nomination, le directeur général de la SSR est attendu au tournant. Sa position intransigeante, de ce côté de la Sarine, est d’autant plus froissante qu’il est originaire de Suisse romande, tout comme le président de la SSR, Raymond Loretan. Le zèle du duo qui se trouve à la tête de l’institution tient sans doute à une volonté d’apparaître le plus neutre possible par rapport aux intérêts locaux. Et si cela est vrai, ceux par qui ils sont arrivés au pouvoir, les véritables marionnettistes du système, peuvent se frotter les mains. Leurs clones ne les déçoivent pas.
A un détail près. La tentative exercée par l’élite du triangle d’or pour faire plier la résistance des syndicalistes romands n’a pas eu l’effet escompté. Le 8 mai 2012, la Communauté TSR, qui regroupe plusieurs journalistes de la télévision romande, a envoyé une missive musclée à la délégation alémanique du SSM, dénonçant les pressions dont ont été l’objet les négociateurs romands afin qu’ils acceptent un protocole d’accord. La réaction a porté ses fruits. Au dernier moment, la solidarité a gagné et l’aile alémanique s’est ralliée au front du refus.