Cela dit, on peut s’interroger sur la pertinence des propos de certains commentateurs. Dans le « Matin Dimanche » du 2 janvier 2011, la jeune conseillère nationale radicale Christa Markwalder prend des accents gaulliens pour déclarer que « la liberté fait partie des valeurs fondamentales de l’UE et qu’elle doit les défendre ». Mais la Suisse qui cultive son isolement peut-elle donner des leçons à des membres de l’Union ? Si Berne avait tellement l’oreille de Bruxelles, cela se saurait, nous semble-t-il.
Dans le même journal, Jacques Pilet stigmatise un Viktor Orban qui « a remis au goût du jour des thèmes très vénéneux comme celui de la grande Hongrie ». Présenté comme un « passionné de l’Europe », l’éditorialiste de « L’Hebdo » semble oublier que 3 millions de Hongrois de souche vivent dans les pays voisins où ils sont encore souvent victimes de discriminations, parfois graves. On aimerait bien que l’indignation des intellectuels de ce coin d’Helvétie ne se manifeste pas seulement à sens unique.
Heureusement il est aussi des analyses plus subtiles et nuancées. «Rien, dans le cursus de Viktor Orban, ne saurait accréditer l’idée qu’il est un extrémiste. C’est un libéral conservateur dont la personnalité est moins autoritaire que le style. Les Hongrois, qui vivent une situation économique catastrophique, attendent de lui qu’il fasse des choses extraordinaires. Et il répond à cette attente par des gestes de rupture », relève, toujours dans le « Matin Dimanche », André Reszler, historien et essayiste suisse d’origine hongroise.
Une fois n’est pas coutume, le quotidien orange nous a offert un sujet de débat intéressant. Qui s’en plaindra ?
(Christian Campiche, La Meduse)