La question se pose surtout de savoir quel sera le prix payé par la BNS pour retarder la récession en Suisse. L’institut d’émission est décidé à briser les reins aux spéculateurs coûte que coûte. Rien ne l’arrêtera, s’il le faut, même pas l’achat de devises en quantité illimitée. On nage presque dans le délire car des milliards ont déjà été imprimés pour freiner la surévaluation du franc, sans grand résultat. Au premier semestre de cette année, les pertes sur les positions en devises étrangères ont atteint pas moins de 9 milliards, creusant le déficit de la BNS.
Cette politique de fuite en avant comporte également un risque important d’inflation, alors que la mission première de la BNS est justement d’assurer la stabilité des prix.
En 1978, quand le franc s’échangeait à des niveaux record contre le mark, l’intervention de la BNS a été suivie d’une poussée de l’indice. Aujourd’hui les milieux exportateurs et du tourisme se félicitent de la décision de la BNS et on les comprend. Mais face aux réalités mondiales, ils touchent aussi du bois. Le président de la Commission européenne a beau enrober l’euro de qualificatifs taurins, il n’empêche pas les angoisses des investisseurs de se cristalliser sur la Grèce, dont le plan de sauvetage semble mort-né, et l’explosion des dettes souveraines. Ces inquiétudes s’ajoutent aux chiffres décevants en provenance de l’emploi aux Etats-Unis. Elles plombent les Bourses mais propulsent l’or à des niveaux stellaires. Un métal jaune dont la BNS s’est délesté au cours de la dernière décennie, confiante dans la prédiction d’oracles sans inspiration.