In der Rubrik "Gastkommentar" kommen Politiker aller Couleur, Wirtschaftsvertreter, Kulturschaffende, Wissenschafter und andere zu Wort. Die Autoren äussern ihre eigene Meinung.
Il est habituel d’attribuer trois fonctions à la forêt : la fonction de protection, la fonction sociale et la fonction de production. Si les deux premières ne sont pas remises en question, la troisième n’intéresse presque plus personne.
En Suisse, nous avons plus de 250.000 propriétaires forestiers pour une surface de 1.2 mio d’ha. Les grandes exploitations sont rares et peu de propriétaires vivent du revenue de leur forêt, donc de l’exploitation du bois. De plus, 70% sont des forêts publiques appartenant aux commune3s, communes bourgeoises et cantons.
Les forêts protectrices jouent un rôle important dans les Alpes et les pré-alpes. La Confédération subventionne l’entretien de ces surfaces afin qu’elles remplissent leur fonction. La fonction sociale comprend aussi bien l’accueil au public près des villes, que le stockage de CO2 et la contribution à la biodiversité. Elle prend toujours plus d’importance. Les organisations environnementales exigent de placer 20 % des surface en réserve. En Allemagne, les propriétaires forestiers s’opposent à la mise en réserve de 5 % de la surface. La biodiversité est devenue une nouvelle religion. Seuls ses « grands-prêtres » ont la compétence pour en parler. Cela me rappelle le débat sur la mort des forêts vers 1985-6. Vous penserez peut-être que mes propos sont excessifs, mais l’industrie du bois qui doit investir par dizaines de millions est en droit de connaitre les volumes de matière première dont elle disposera durant les prochaines années.
Le troisième inventaire forestier apporte des informations importantes concernant les potentiels d’exploitation, mais ces quantités exploitables peuvent être réduites à court terme par des décisions politiques comme la création de réserves et à plus long terme par la forte diminution des peuplement de bois résineux, principalement d’épicéa, au profit de feuillus inintéressants pour notre industrie.
L’industrie du papier et des panneaux est confrontée à un autre problème, la concurrence des grandes centrales produisant de l’électricité et de la chaleur. Les deux utilisations sont intéressantes, mais il s’agit de fixer des priorités selon les assortiments. Les écorces, certains feuillus ou les déchets verts sont destinés à la production d’énergie. Par contre les sous-produits de scieries sous forme de plaquettes ou de sciure devraient en priorité aller à l’industrie. Ils ne devraient être brûlés que dans une phase de recyclage.
Pour illustrer mon message, j’aimerais citer deux exemples concrets de projets qui ont échoué à la suite de problèmes d’approvisionnement. Le premier cas concerne une très grande scierie construite par un investisseur autrichien grâce à un subventionnement massif du canton des Grisons. Au mois de décembre 2010, elle a été déclarée en faillite. Une des raisons principales invoquée par le propriétaire était le manque de matière première.
Le deuxième cas concerne des projets de production d’énergie au moyen de biomasse par le groupe AXPO. On a pu lire dans la presse que ce groupe avait dû renoncer à certains projets et procéder à des amortissements extraordinaires à hauteur de plus 100 moi pour des centrales en exploitation.
Ces deux cas ont probablement été réalisés sur la base de chiffres erronés concernant le potentiel exploitable dans les forêts de notre pays. C’est en tous cas valable pour la scierie des Grisons.
Sur la base de ces expériences malheureuses et fort couteuses, nous devons aujourd’hui définir une stratégie à long terme concernant la fonction de production de nos forêts. Celle-ci doit être placée au même niveau que la fonction de protection et la fonction sociale. Il serait faux de se priver d’une de nos seuls matière première qui est de plus renouvelable. En Suisse, le droit de propriété est garanti par la Constitution. Les propriétaires forestiers doivent être impliqués et participer aux décisions concernant leur patrimoine. C’est loin d’être le cas aujourd’hui.