S’il revenait aujourd’hui, Mister Churchill serait-il tenté de réviser sa sentence en l’amputant de sa deuxième moitié? La démocratie est bien “le pire des systèmes” si on la dévoie au point d’en faire l’instrument d’une minorité manipulatrice.
La pantalonnade que nous livre Rome dans l’affaire du renoncement forcé du chef du gouvernement pousse à ce questionnement. Incité par sa famille politique à torpiller toute structure eurosceptique, le président de la République Mattarella dépasse-t-il le mandat attribué à sa fonction? Si la presse française et allemande aime voir en lui «un homme de principes qui s’oppose au populisme », il serait désolant de nier qu’à ce stade des événements, l’Italie se trouve en état de naufrage constitutionnel. Pas sûr que l’euro y trouve son compte à l’issue de prochaines élections se traduisant par un raz-de-marée nationaliste.
La démocratie a ceci de particulier qu’elle permet à la majorité de s’exprimer. Celle-ci a-t-elle raison à tous les coups? On ne créera pas le débat ici. Une chose est sûre: déposséder la majorité de son pouvoir par un abus d’autorité revient à obéir à une logique de dictature. La raison de se révolter en moins. Dans une tyrannie, au moins identifie-t-on l’ennemi à abattre. La démocratie, ou plutôt son clone d’imposture, brouille les cartes.
Ceux qui connaissent bien et aiment l’Italie ont mal à ce pays. Sa population aura-t-elle l’énergie du sursaut? Il faut le souhaiter dans l’intérêt de la jeunesse désoeuvrée qui cherche massivement son salut professionnel à l’étranger. Tel est l’enjeu véritable de la tragi-comédie qui se joue dans la Péninsule. Euro ou pas.