Le salon de l’automobile a subi une baisse de 5% de la fréquentation mais ce résultat ne perturbe pas les organisateurs qui affichent leur satisfaction. Reste à savoir quel est le sentiment des constructeurs. La foule, elle, a défilé, bon enfant, tout au long du dernier week-end. Au salon, on vend d’abord du rêve.
De rêve à grève, il n’y a qu’un pas. Pestant contre l’amputation de leurs rémunérations, plus de mille fonctionnaires internationaux l’ont franchi le 16 mars 2018 à Genève. Ce débrayage d’une journée décrété par le personnel du Conseil des droits de l’homme n’a pas fait les gros titres des journaux. Pourtant il s’agissait d’un événement particulier dans la Babylone helvétique. D’ailleurs les employés n’ont pas renoncé à d’autres actions au cours des prochains jours.
La république du bout du lac n’avait plus vécu telle fébrilité sociale depuis les années trente. En 2015 déjà, dix mille fonctionnaires étaient descendus dans la rue à l’appel des syndicats. En décembre dernier, ils furent 1500 à débrayer contre une réforme de la grille salariale. Dans quelques jours, ce sont les conducteurs des transports publics genevois qui manifesteront leur mécontentement.
Et le clou du spectacle est encore à venir si tant est que les journalistes de la “Tribune de Genève” mettent leur menace à exécution. Maltraités par le propriétaire du journal, le groupe zurichois Tamedia, ces professionnels de l’information ont de fait déjà voté le principe d’une grève. Ils exigent l’arrêt des délocalisations de plusieurs rubriques du titre à Lausanne.
La mort lente de la “Julie” n’est que le dernier épisode de la crise profonde qui affecte la presse genevoise. A la disparition de “La Suisse” et du “Journal de Genève” dans les années 90 a succédé en 2014 la départ du “Temps” à Lausanne. Privée de quatrième pouvoir, la deuxième ville de Suisse a-t-elle délégué sa conscience aux cow-boys et aux affairistes? Le Genevois de cœur qui signe ces lignes doit le constater avec peine, le pavillon jaune et rouge flotte bas sur Prestige Avenue.
La venue du pape en juin alimentera l’illusion d’un retour de flamme mais elle ne dissipera pas d’autres menaces comme celle que fait peser sur l’OMC l’isolationnisme américain. Le gendarme du commerce, dont Washington est le principal contributeur, emploie plus de 600 personnes à Genève. M. Trump ira-t-il jusqu’à lui couper les vivres? La pilule serait dure à avaler pour la Confédération qui a investi 130 millions dans l’extension du siège de l’OMC en 2012.