En avril 2014, nous commentions dans ces mêmes colonnes la fusion de Holcim et de Lafarge. Nous concluions en nous interrogeant sur la possibilité d’une opération d’initiés, le cours de l’action Holcim ayant grimpé de 20% dans les semaines qui ont précédé l’annonce de la fusion.
Deux semaines après la publication de l’article, le Ministère public de la Confédération communiquait qu’il entendait examiner si les conditions étaient remplies pour ouvrir une enquête. Elles l’étaient manifestement puisque le même Ministère public confirme aujourd’hui, soit neuf mois après les faits, qu’il se saisit du dossier dans ce sens. «La procédure, indique Berne, concerne des personnes qui ont obtenu des informations sur la fusion de manière non autorisée».
Quel que soit le résultat, l’enquête ne remettra pas en question la fusion du siècle dans le ciment. Tout au plus une preuve de culpabilité jettera-t-elle une ombre sur certains des protagonistes, si tant est que des personnes ont abusé de leur position d’observateurs privilégiés pour spéculer et gagner beaucoup d’argent. Par contre, toute initiative s’inscrivant dans l’application de la législation punissant les initiés, plus sévère depuis 2013, participe à l’amélioration des conditions-cadres de la Suisse, jugées imparfaites par le ministre suisse de l’économie.
Dans une interview accordée au Matin Dimanche, M. Schneider-Ammann compare les patrons aux journalistes: «ils ne parlent que de ce qui est négatif». Ce qui ne l’empêche pas de ne pas perdre une occasion pour embrocher la bureaucratie pesant sur les entreprises. Le renforcement des mesures prises contre les délits d’initiés ne contribue pas à la réduire directement mais il crédibilise les institutions financières helvétiques, longtemps accusées de laxisme dans la lutte contre le blanchiment.
Chronique parue dans GHI du 4 février 2015.