En décrétant que l’OTAN est en état de « mort cérébrale », Emmanuel Macron a provoqué un grand frisson au sein de l’Alliance Atlantique. Angela Merkel bouderait même le président français. S’il faut en croire le New York Times, les relations franco-allemandes n’auraient jamais été aussi mauvaises depuis la création de l’Union européenne.
Le dernier sommet de l’OTAN a permis de sauver les apparences. L’Amérique protégera l’Europe qui augmente son stock d’armes “made in USA”. Mais l’Europe court toujours après son rêve d’union. Sept décennies après son lancement sur les ruines de la guerre, l’idée d’un continent autonome politiquement et militairement n’a pas abouti. L’Union européenne n’a pas dépassé le stade du grand marché. Une puissance économique, certes, mais une sorte d’appendice des Etats-Unis, une entité incapable de nourrir un dessein collectif en termes de stratégie sécuritaire, environnementale ou énergétique. En Afrique, l’armée française intervient sans rendre de comptes à ses partenaires européens. La gestion anarchique du problème des migrants est une autre illustration flagrante de ce surplace.
Ce bilan peu flatteur ne plaide pas en faveur de relations détendues avec cet îlot relativement confortable au coeur du continent, auquel le Brexit ne donne pas le meilleur des exemples, la Suisse. Le cavalier seul britannique ne pousse pas Berne à un excès de zèle dans ses relations avec Bruxelles. On observe, on temporise. On se donne deux ans pour parvenir à un accord cadre et l’on arrose de milliards l’interlocuteur européen pour calmer le jeu. Rien ne presse, d’autant que les mesures de rétorsion de l’Union européenne ressemblent à un pet dans l’eau. En quoi la fin de l’équivalence boursière a-t-elle véritablement nui à la Suisse, on se le demande.
Dans un tel contexte, les pro-européens helvétiques doivent prendre leur mal en patience. Leur sens de l’abnégation serait moins vain s’ils parvenaient à définir un véritable concept d’adhésion. Dans le magazine du Nouveau mouvement européen suisse, un jeune membre allemand du Parlement européen et fondateur du parti Volt, Damian Boeselager, explique pourquoi il s’engage à mettre en oeuvre « une réforme de l’Union européenne afin de parvenir enfin à une démocratie parlementaire qui fonctionne ».
L’idéalisme, nécessaire pour faire avancer les causes, nourrit aussi les activistes européens de ce côté du Rhin. Mais ils crient dans le désert, peinant à relayer un message mûr et constructif dans les milieux politiques. Démobilisés ou résignés, les médias ne leur viennent pas en aide, ils négligent l’information et l’opinion, une attitude coupable car le dossier des bilatérales est vital pour l’avenir du pays, quel que soit le sentiment qu’inspire l’égoïsme des grands Etats européens. Les PME en sont conscientes, qui s’impatientent et tancent les élus et le gouvernement, leur reprochant leur inaction.