Fleuron britannique, le Financial Times, le FT pour les intimes, est passé sous contrôle Nippon après avoir échappé de peu à une prise de possession allemande, par Axel Springer interposé. Le drapeau de Pearson ne flotte plus sur le navire amiral du principal éditeur de livres européen. L’enseigne du groupe Nikkei le remplace.
Mais où était le colonel Nicholson au moment du passage du témoin? Le héros du Pont de la Rivière Kwaï doit se retourner dans sa tombe après cette conquête dont on se demande vers quel destin elle mènera la crème du journalisme financier. En 2011, le FT offre ses colonnes au lanceur d’alerte qui permet l’éclatement de l’affaire Olympus, du nom du fabricant de caméras japonais, empêtré dans une affaire de fraude comptable. Les médias de l’Empire du Soleil Levant s’étaient cloîtrés dans un silence assourdissant. Le FT perdra-t-il de son indépendance? Il n’est pas anodin de relever que les questions les plus pointues quant à la pertinence du mariage nippo-britannique émanent de The Economist, autre maillon prestigieux de Pearson sur le point de tomber dans les rets du groupe Fiat.
S’il n’a pas à redouter un avenir trop exotique, The Economist ne se gêne pas de s’interroger sur la compatibilité des cultures journalistiques et la liberté d’action qui sera consentie au FT. Ce dernier connaîtra-t-il le sort du Wall Street Journal?
En 2007, cet autre symbole de la presse financière, passait dans les mains du magnat australien Murdoch. La santé, les loisirs, le tourisme, la mode, la déco, le star système gagnaient immédiatement en influence dans ses colonnes. La rigueur cédait au lifestyle. Au futile, ajouteront certains.