Il faut lire les lettres de lecteurs que publient les journaux pour se rendre compte que quelque chose ne tourne plus très rond dans un pays qui prétend au rôle de parangon de démocratie. Une poignée de voix aura suffi à faire passer l’objet cher à Mme Amherd, on ne recomptera pas et c’est dommage car le “Blick” révèle que tout n’a pas été présenté au peuple comme il se doit. Les Etats-Unis n’ont pas attendu trois jours pour proposer à Berne des avions équipés de bombes. On aimerait être une mouche et se localiser à l’ambassade de France pour voir comment Macron réagit. Jusqu’à nouvel ordre sur le papier, le Rafale du constructeur Dassault reste d’actualité.
En attendant, ce sont de coûteux exercices aériens menés à grands renforts de décibels qui provoquent l’incompréhension des citoyens. L’armée de milice, fierté d’une nation attachée à son indépendance dans un esprit de collective résistance a cédé la place à une nébuleuse technocratique mue par une logique de profit au service d’intérêts particuliers. « J’ai honte de notre armée », écrit, dans “La Liberté” de Fribourg, un lecteur gruérien, dégoûté par les tirs d’aviation dans le lac de Neuchâtel, à deux encablures de la réserve de la Grande Cariçaie où évoluent des espèces protégées. Deux poids deux mesures pour ce propriétaire de chien à qui l’on demande de ramasser chaque crotte de son animal préféré tenu en laisse.
Le mécontentement populaire croît dans des domaines où le citoyen a le sentiment d’être mené en bateau. Le scandale des primes d’assurance-maladie résulte moins de l’appétit insatiable des caisses que de la réaction mijaurée des politiciens censés l’arbitrer. Celle de la ministre vaudoise de la santé, par exemple, qui adoube une hausse prétendument modérée.
Le débat sur la 5G est un autre mirage lancé à la crête des dindons. On fait miroiter dans certaines régions un moratoire, alors qu’en réalité la population se voit soumise au fait du prince. Autre dossier qui laisse à désirer: la gestion des déchets, conséquence des excès consuméristes et des dérives spéculatives en matière immobilière. Près du joli village de Lessoc, en Haute Gruyère, un paysage de rêve risque l’anéantissement du fait d’un projet de gravière. Une pétition demandant la protection du site a recueilli 2700 signatures, ce qui est considérable. La balle est dans le camp du Conseil d’Etat fribourgeois qui promet de se pencher sur l’affaire sans rassurer réellement.
En donnant l’impression de glisser vers une oligarchie dansant sur la crédulité des électeurs, la démocratie vacille. Allez vous étonner après cela que s’ébauche la suspicion d’un complot orchestré par une puissance occulte, théorie raillée, à défaut de pouvoir être démontée scientifiquement, par les médias du courant dominant, lesquels affirment que les complotistes menacent la démocratie. Au contraire, ne serait-ce pas plutôt la démocratie en danger qui fabrique les complotistes?