Par contre un doute existentiel mine ses anciens partenaires dont la monnaie commune alimente beaucoup de commentaires perplexes en dehors et au sein même de l’Union européenne.
Combien de temps l’euro tiendra-t-il encore? Les paris sont ouverts. Au jeu des pronostics, c’est Joseph Stieglitz qui va le plus loin. Pour le Nobel américain, l’Italie donnera le signal d’une partie de dominos qui verrait plusieurs pays européens abandonner tour à tour la monnaie européenne, considérée comme un obstacle à leur compétitivité. L’économiste «souverainiste» français Jacques Sapir le rejoint.
Si on laissait flotter librement les monnaies en termes virtuels, le deutsche mark vaudrait 1,50 dollar. Les Allemands achèteraient ainsi meilleur marché à l’étranger mais vendraient moins. Inverse serait l’évolution en France avec un franc dévalué. Quant à la Suisse, tout porte à croire que son franc suivrait le mark. Cela n’arrangerait pas ses exportateurs mais comme le relève justement le PDG d’une banque cantonale romande, le problème se situe d’abord dans la faiblesse de la croissance européenne.
Fausse bonne idée, l’euro pourrait ainsi ne jamais atteindre l’âge de la maturité étincelante. Mort à vingt ans. Fauché au champ d’honneur non sans avoir entretenu la folle illusion qu’il détrônerait les pétrodollars. Un mythe s’écroulerait, laissant ouverte toute interprétation sur la motivation de ses artisans mais pas sur leur erreur d’appréciation.
Une monnaie n’est pas la cause d’une communauté étatique digne de ce nom. Elle en est la conséquence. Créé au lendemain de la fondation de la Confédération, le franc suisse est là pour le prouver.
GHI