Le père de tous les krachs. Parce que jamais le système financier n’a été confronté à une tel risque systémique. Les banques centrales ont tiré les grandes banques du pétrin après la débâcle de 2008. Mais qui sauvera les banques centrales le jour où leur machine à fabriquer de l’argent liquide ou numérique sera cassée?
Pour l’heure, tout va bien. Wall Street bat des records de hausse dans l’indifférence presque générale, ce qui témoigne d’une ingratitude remarquable de la part des principaux intéressés. Par nos caisses de pension interposées, vous, moi, voyons nos bas de laine enfler confortablement depuis plusieurs semaines. On ne pouvait pas en dire autant il y a juste une année.
Comme s’il n’était constitué que de purs cerveaux déconnectés des contingences matérielles, l’establishment intellectuel ne parvient pas à trouver la moindre vertu au nouvel hôte de la Maison blanche. Pour cette catégorie sociale, il n’est certainement pas indifférent de savoir que depuis l’élection du fantasque républicain, les valeurs boursières flambent, contribuant au confort de son portefeuille. Mieux vaut en profiter car l’embellie ne sera pas éternelle.
Un retour de balancier interviendra-t-il de la plus conventionnelle des manières, par l’éclatement d’une bulle? L’immobilier est attendu au tournant pour autant que la course mondiale aux armements lui laisse un peu de marge. L’économie n’a que faire des bons sentiments, les bruits de botte n’ont jamais découragé l’appétit des gros investisseurs, au contraire.
S’alimentant de rumeurs, conditionnée par les emballages marketing et les courbes de croissance, la finance s’enferre dans une formidable fuite en avant. Elle ne réfléchit pas, navigue à vue. On ne lui demande pas autre chose, remarquez. Soutenir le génie génétique pour faire revivre les mammouths n’est pas plus idiot à ses yeux qu’accorder un crédit à une congrégation intégriste. La finance est capable de redouter la fin d’un cycle, jamais de l’empêcher. Voilà pourquoi le prochain krach ressemblera aux autres à s’y méprendre. A une différence près: cette fois il pourrait être le dernier.