Une notion bien relative que tout un chacun peut invoquer pour arriver à ses fins. En l’utilisant pour justifier les frappes occidentales contre la Syrie, Emmanuel Macron fait basculer le monde dans une nouvelle ère, irresponsable et dangereuse.
L’ONU est-elle morte? Dans le concert des nations, la légitimité implique que l’arbitre des différends perd encore de son autorité. Bien sûr, l’ONU n’a pas pu empêcher de nombreuses guerres régionales. Mais au moins aura-t-elle pu apaiser les tensions de la guerre froide, porteuses des germes d’un dérapage nucléaire. On croise les doigts désormais car plus que jamais elle semble soumise au bon vouloir des grandes puissances. Lesquelles, au nom de la « légitimité », pourront intervenir où bon leur semble, quand bon leur semble.
L’affaire syrienne ouvre béante la boîte de Pandore. Outre MM. Trump et Macron, pourront s’y engouffrer d’autres protagonistes du “Stratego” planétaire. A commencer par MM. Poutine et Xi Jinping. Planqué sur son destroyer au large de Taiwan, le président chinois peaufine-t-il la « légitimité » d’une action contre l’île rebelle? L’idée fait frémir.
Tous les gens de loi vous le diront, le droit et la morale entretiennent une relation ambiguë. L’histoire de la justice abonde en malentendus du genre, où l’erreur fut de croire que l’un ne va pas sans l’autre. Que dire dès lors de la légitimité quand elle se confronte à la morale? Les nuages ne s’étant jamais arrêtés aux frontières, un aspect complètement occulté dans l’affaire des bombardements syriens est d’ordre environnemental. En 2013, les Occidentaux renoncèrent à détruire les entrepôts chimiques de Damas en raison des « risques mortels » qu’une telle action aurait fait courir aux populations. « Des nuages hyper-toxiques peuvent se répandre sur les zones habitées », lisait-on dans les rapports officiels.
Pourquoi ce scrupule a-t-il disparu aujourd’hui alors que l’on parle de gaz moutarde? Faut-il conclure que ces usines n’existent pas?