Prétendants au trône, l’euro et le renminbi, le yuan pour les intimes, doivent encore s’armer de patience si tant est que leur ambition corresponde à une véritable vocation. Les atermoiements du premier dans la crise de la dette grecque ont révélé un tigre de papier conditionné par le fouet d’un dompteur omniprésent mais peu rassembleur, la Bundesbank. Quant au second, il n’a pas encore résolu l’équation de sa non-convertibilité. Dans la Chine de la faucille et du marteau, la monnaie reste théoriquement un instrument de la planification d’Etat.
Les droits de tirage spéciaux n’ont pas eu plus de chance. En février 2011, Dominique Strauss Kahn s’était prononcé officiellement en faveur d’un cocktail de devises composé notamment de l’euro, du yen, de la livre sterling et du dollar. Le but était bien de remplacer le billet vert en tant que monnaie de réserve mondiale. Las, il n’avait pas fallu plus de deux mois pour qu’éclate l’affaire de moeurs qui devait conduire à la chute du directeur du FMI.
Tant et si bien que nonobstant les problèmes qui plombent l’Amérique, le dollar demeure la monnaie de référence. Il l’est avant tout dans le négoce de la substance qui inspire toutes les guerres, l’or noir. On le serait à moins: le premier pétrolier mondial est une compagnie américaine affichant un chiffre d’affaires deux fois supérieur à celui de son suivant immédiat, un groupe chinois. Il est jusqu’aux Russes pour affirmer par la voix du PDG du groupe pétrolier Ioukos: «Je pense qu’avant dix ans personne ne se risquera à coter le pétrole en euros, en roubles, yuans ou dans une autre monnaie. Le prix sera toujours en dollars.»