Dont l’objet, très médusien, de la souveraineté alimentaire méritait meilleur résultat. “Quand le dernier arbre aura été abattu, quand la dernière rivière aura été empoisonnée, quand le dernier poisson aura été pêché, alors on saura que l’argent ne se mange pas”. Le moins que l’on puisse dire est qu’en Suisse allemande, la majorité de la population n’a pas été sensible aux arguments du chef apache Geronimo. A nouveau, la ligne de démarcation suit fidèlement le contour des frontières linguistiques. Canton agricole s’il en est, Vaud devra subir le diktat de Zurich, cela commence à bien faire.
Il faut vraiment s’interroger sur les raisons de cet énième grand écart par-dessus le tracé de la Sarine. A croire que deux peuples sans culture commune se côtoient dans un pays appelé la Suisse. La question se pose avec d’autant plus d’insistance que Romands et Alémaniques partageaient le même avis dans les sondages du printemps. Lorsque pointait le muguet, l’initiative paysanne passait la rampe. Un été a suffi à briser cette unité. Le temps pour les lobbyistes de l’industrie d’actionner le mécanisme d’une campagne insidieuse, basée sur le fantasme des Suisses, leur porte-monnaie. Voter en faveur de l’initiative, c’était renchérir le panier de la ménagère, donc appauvrir le bon peuple. Bien vu, mais cela n’explique pas pourquoi la Suisse romande n’a pas été sensible aux arguments d’Avenir Suisse, laboratoire d’idées aux accents de Silicon Valley, conditionneur en chef de l’opinion helvétique.
Ou plutôt si, la réponse existe. Delémont, Neuchâtel, Lausanne et Genève ont fait bande à part parce que l’information que ces entités reçoivent ne recoupe pas celle qui est diffusée depuis Zurich. De toute évidence, la radio romande n’a pas diffusé les rugissements du monstre à la manière de Beromünster. Pourquoi? La propagande se dit-elle qu’elle pour parvenir à ses fins, la couverture de l’espace alémanique suffit à sa peine?
Quantité négligeable dans le débat politique national, la Suisse romande? Aucun professeur de droit constitutionnel n’osera confirmer l’hypothèse. De même, nul ne s’avisera de prédire une sécession à la catalane dans un avenir proche. Pourtant la multiplication des affronts devrait pousser cette partie du pays à relever le défi. En suggérant aux régions qui la composent de conclure un pacte entre elles, avant de parvenir à une nouvelle alliance avec les Confédérés, par exemple. Faute de quoi la Suisse romande continuera sa dérive sans fin vers un horizon bouché.