HSBC, UBS, la succession de scandales éclaboussant la place financière helvétique laisse le citoyen pantois. Doit-il compatir aux malheurs des peuples dont les élites s’engraissent en plaçant indûment leurs avoirs dans les coffres des banques? Faut-il qu’il se batte la coulpe pour avoir cautionné ce recel systématique?
Non qu’il se soit jamais fait beaucoup d’illusions sur la pureté des comptes numérotés et autres artifices dissimulatoires. Triste monde, larmoyait le quidam en joignant les mains lorsqu’il apprenait l’existence de telle ou telle demande d’entraide judiciaire relative aux avoirs d’un dictateur déchu. La bonne conscience helvétique s’alimentait du refus de l’angélisme. Surtout ne pas donner un blanc-seing aux concurrents de la Suisse, ces îlots franco-anglais ou antillais qui récupèrent sans vergogne et sans opprobre international la fortune des évadés du fisc.
Des décennies durant, Suissesses et Suisses ont clamé leur attachement au secret bancaire.
Aujourd’hui cet amour semble éteint. Tué par le syndrome de Calvin. Que dirait le chaste réformateur de l’immorale dérive? Tous des pourris, nettoyons les écuries d’Augias! Mais alors comment interpréter les sondages annuels menés pour le compte des communautés de banquiers? Etaient-ils truqués? Se pouvait-il que la population n’éprouvât en réalité qu’un sentiment mitigé face à ce que l’establishment, avec la constance d’un métronome, présentait comme le fonds de commerce de la Suisse, la raison de sa prospérité?
Ho-la-daï-ti-yo, tournez la page! Franc surévalué, bilatérales en péril, banques sur la sellette. Tout fout l’camp, chantait Mouloudji. Il serait temps, décidément, que les gouvernants s’attellent à une véritable réflexion sur l’avenir du pays.